J’entends souvent au cabinet : « Ma vie est une succession d’échecs. J’ai la poisse, je rate tout ce que j’entreprends. Je n’ai pas de chance ! »
L’échec est souvent vécu comme une catastrophe!
Pendant longtemps, j’ai pensé exactement la même chose. J’avais l’impression d’être née sous une mauvaise étoile et que la chance ne faisait pas partie de ma vie.
Je ne me remettais pas en question. Chaque fois que j’échouais, c’était de la faute à pas de chance, et avec ce comportement, je n’apprenais jamais rien de ce qui à mes yeux était des échecs.
La plupart du temps, nous voyons l’échec comme une porte qui se ferme et si… pour une fois, nous imaginions que c’était plutôt une fenêtre qui s’ouvre ?
L’échec dans la société occidentale.
Dans notre société, on parle peu de l’échec.
En France quand on échoue, on passe pour « un nul » et l’on se sent coupable, parce qu’on accorde plus d’importance aux diplômes qu’à l’expérience. Cela commence dès le plus jeune âge à l’école.
Dans notre pays, on se focalise toujours plus sur les faiblesses que sur la force d’un élève. Il est plus important de relever les échecs d’un enfant en math que ses dons en dessin…
Aux États-Unis à l’inverse, quand on échoue, c’est qu’on est audacieux et entreprenant. Dans la société américaine, échouer donne de l’expérience et il alors est possible ainsi de corriger ce qui n’a pas fonctionné.
Échouer est un apprentissage.
L’échec permet également de découvrir que tout ne dépend pas de nous et que nous ne pouvons pas tout contrôler.
Comme l’a dit Epictète : « Ce qui dépend de toi, c’est d’accepter ou non ce qui ne dépend pas de toi. »
Pour faire simple, plus vite nous acceptons qu’il y ait des choses que nous ne pouvons pas changer (ce qui ne dépend pas de nous), plus vite nous sommes capables d’agir sur ce qui peut l’être.
Le déni
Très souvent quand nous échouons, nous restons dans le déni et refusons de voir nos erreurs. Nous rejetons la faute sur les autres, la vie, l’univers… C’est tellement plus simple !
Pourtant, si nous prenions le temps de nous arrêter quelques instants sur nos bévues, sur ce qui n’a pas fonctionné, nous pourrions apprendre, corriger et également mieux nous connaître.
Un sentiment d’injustice
Très souvent, nous avons la sensation que le sort s’acharne contre nous et que l’histoire se répète systématiquement.
Nous nous plaignons alors de la vie qui est vraiment injuste. Pourtant, nous ne modifions rien. Nous continuons inlassablement à recommencer la même chose sans jamais chercher à comprendre ce qui n’a pas fonctionné.
Pourquoi s’étonner dans ces conditions que rien ne change ?
Ray Charles, après avoir assisté à la noyade de son frère, perd la vue à l’âge de 7 ans, puis sa mère à 15 ans.
Il aurait pu devant tant d’injustice baisser les bras et passer le reste de sa vie à pleurer sur son sort, mais comme il l’a dit lui-même il avait le choix.
Le choix d’accepter la perte des personnes qu’il aimait et sa cécité, qui ne dépendaient pas de lui, et décider d’avancer et faire ce qu’il voulait de sa vie. Il a alors compensé sa cécité par une mémoire incroyable et développé son talent pour devenir le formidable artiste que nous connaissons. Cela a été son choix !
L’échec fait mal
Lorsque nous constatons l’échec, cela ne dépend plus de nous. C’est un fait.
Ce qui dépend de nous alors, c’est la manière dont nous le vivons. C’est la façon dont nous réagissons face à cette situation.
Nous avons alors le choix de pleurer sur notre sort ou essayer d’analyser ce qui s’est passé pour rebondir et avancer.
Bien souvent, ce qui paraît comme un échec pour le conscient est une magnifique opportunité pour notre désir inconscient.
L’échec fait mal parce qu’il vient fissurer notre égo, notre image sociale et l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes, mais c’est aussi l’occasion de constater à quel point tout cela est réducteur. Encore une fois, l’échec dans notre société est extrêmement culpabilisateur.
Les bienfaits de l’échec
Certains échecs permettent de renforcer notre volonté et d’autres nous donnent la possibilité de relâcher la pression.
Il y a ceux qui nous poussent à persévérer et à continuer à avancer sur la voie que nous avons choisie alors que d’autres nous apportent l’éclairage nécessaire pour en changer.
Les échecs peuvent nous rendre plus combatifs, ou plus sages.
Beaucoup de célébrités ont commencé par subir de cuisants échecs. En voici quelques exemples.
- Thomas Edison a échoué des milliers de fois avant d’inventer l’ampoule.
- Serge Gainsbourg a dû à son grand désespoir, abandonner sa carrière d’artiste peintre, qui était son rêve, pour se tourner par dépit vers la chanson.
- Avant d’écrire Harry Potter, J.K Rowling, de son vrai nom Jeanne Rowling a connu en même temps un échec sentimental et un échec professionnel. Ce sont ces deux échecs qui lui ont donné l’opportunité de changer sa vie.
L’échec peut nous offrir la possibilité d’être plus disponible. Il ne rend pas forcément plus fort ou plus raisonnable, mais peut-être plus libre pour découvrir autre chose.
L’échec peut être une réussite
Il y a des échecs que nous pouvons voir comme des réussites parce qu’ils permettent d’avancer dans de nouvelles directions.
De la même manière, il y a des succès qui sont de véritables échecs, parce qu’ils ne correspondent pas à qui nous sommes vraiment. Il y a des personnes qui ont énormément de succès et qui pourtant sont profondément malheureuses et en dépression…
Voici un bel exemple d’un échec qui est devenu une vraie réussite :
Les sœurs Tatin avaient un restaurant où venaient souvent des chasseurs. Alors qu’elles préparaient le repas, l’une d’elles a mis au four une tarte aux pommes pour le dessert. Elle se rendit compte au bout d’un moment qu’elle avait complètement oublié de mettre la pâte au fond de la tarte. Après avoir pris quelques instants de réflexion, elle décida de déposer la pâte sur le dessus. Elle servit cette nouvelle tarte aux chasseurs qui ont vraiment apprécié.
En échouant, elle venait d’inventer la tarte Tatin.
S’identifier à son échec
Lorsqu’il y a échec, on a tendance à se dévaloriser et à se laisser gagner par un sentiment de honte et de culpabilité, jusqu’à parfois perdre totalement confiance en soi.
Cela arrive parce qu’on s’identifie à son échec exactement comme une personne s’identifie à sa maladie.
Vous n’êtes pas un échec et vous n’êtes pas une maladie. Ce n’est pas parce que vous avez échoué que vous êtes un raté !
Lorsque ce sentiment s’installe, il est intéressant de redéfinir la situation.
Ce n’est pas notre échec, mais plutôt celui d’une rencontre entre un projet et un environnement. Nous ne sommes pas l’échec !
Bien sûr comme je l’ai dit plus haut, il est important d’analyser le contexte, afin de comprendre pourquoi cela n’a pas fonctionné. Peut-être que ce n’était pas le bon moment, peut-être y a-t-il eu trop de précipitations, pas assez de réflexion ou toute autre chose. Mais, une fois que nous aurons compris ce qui s’est passé, alors nous pourrons assumer nos erreurs, sans pour autant nous identifier à elles.
Nous aurons fait un apprentissage.
Vivre sa propre vie
Exister, c’est regarder vers l’avenir avec des projets, mais c’est aussi explorer des parties de nous que nous ne connaissons pas, explorer ce qu’il y a derrière ces portes qui sont toujours restées fermées. L’échec nous donne justement la possibilité de les ouvrir.
Lao-Tseu, père du taoïsme, a dit : » L’échec est le fondement de la réussite. «
Pour avancer dans notre vie, nous devons oser, mais oser c’est prendre un risque et donc accepter la possibilité d’échouer. Oser, c’est aussi oser l’échec.
Bien sûr, on peut vivre toute sa vie sans jamais rien oser, sans jamais prendre de risque, être toujours raisonnable. Mais peut-être alors que cela voudrait dire que c’est échouer à se connaître.
Conclusion
Il est important d’apprendre à réussir ses échecs en les transformant en opportunités, mais il est nécessaire également de réussir ses succès.
Regardez le succès comme vous considérez l’échec, en continuant à chercher et à comprendre. Méfiez-vous de l’euphorie que peut amener le succès et préférez-lui une joie plus intérieure. Ce n’est pas, parce qu’on a de la réussite, qu’il ne faut pas se réinventer et se reposer sur ses lauriers.
C’est quand on a connu l’échec qu’on peut savourer la performance.
Vivez vos échecs comme des ouvertures, des apprentissages pour avancer sur de nouveaux chemins et ainsi découvrir qui vous êtes tout au fond de vous.
A bientôt,
Hélène